Trois questions à Hervé Chambonnière, grand reporter au
Télégramme
Avec plusieurs de ses collègues au Télégramme, le grand reporter Hervé Chambonnière signe « Marée blanche ». Cette longue série d'enquêtes explore l'importance du trafic de drogue dans l'Ouest de la France, et surtout la Bretagne, et ses conséquences.
Comment est née l'idée de faire cette enquête ?
Je suis ce sujet depuis pas mal d'années. J'ai déjà fait un reportage avec la brigade des stups de Brest pendant une semaine en 2019. Et puis en décembre 2022 je lis l'interview de Laure Beccuau, la procureure de Paris, qui lance un cri d'alarme. Même en maîtrisant à peu près le sujet, je suis surpris par ses propos et son inquiétude. Je commence donc à m'y intéresser un peu plus.
En février 2023 on a coup sur coup, à Lorient puis à Brest, deux cargaisons de cocaïne d'à peu près 180kg, découvertes sous des bateaux. Ça n'était jamais arrivé. Et en juin 360 kilos de cocaïne sont découverts dans un bois de la région brestoise. C'est ce qui nous a donné envie au sein du Télégramme de faire une grosse enquête sur cette thématique, ainsi qu'un documentaire vidéo de 26 minutes..
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Le plus compliqué a été d'avoir des informations de la part des différents services qui bossent sur le sujet et qui n'aiment pas trop parler à la presse. Les éléments que j'ai eus, qui pour certains sont très poussés, c'était que du off. Les dockers, par exemple, parlent encore moins que les dealers. Ils sont extrêmement soudés, et leurs liens avec la drogue entache un peu leur profession. Aucun n'a accepté de témoigner directement.
Je n'ai pas eu de problèmes sur le terrain. Après, il fallait faire attention. Quand on rentre dans une cité, il y a un certain nombre de précautions à prendre.
Que retenez-vous de cette enquête ?
Ce qui m'a intéressé c'est la stratégie, les moyens, la puissance financière absolument phénoménale des réseaux de trafic de drogue. Le niveau de violence, aussi. Ce qui m'inquiète ce sont les perspectives. D'une part, le fort développement des réseaux « Uber shit », avec une offre plus abondante et qui fidélise davantage les clients. Ensuite, tout ce qui est drogues de synthèse. Elles sont plus faciles et moins coûteuses à produire et transporter que la cocaïne. Et généralement beaucoup plus puissantes.
Pour les personnes qui n'y sont pas confrontées, on a encore l'image des pétards des années 80. Mais aujourd'hui on n'est plus du tout dans ça. Le Télégramme a profité de l'enquête pour appeler à une prise de conscience générale.
©laurent-silliau
Lucie Inland
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